Qu’est-ce que la beauté aujourd’hui ?

Une « nuit éblouissante », une « personne magnifique » et, peut-être encore plus significatif, une « faim alléchante » : c’est un signe des temps que le beau a désormais pris la place de l’excellent dans les conversations. Et nous faisons un pas de plus dans un monde où tout est considéré sous la modalité esthétique.

Un excès d’esthétisation qui est présenté partout, mais qui n’a aucune racine nulle part. C’est-à-dire qu’elle n’ajoute pas substantiellement à l’attrait visuel : telle était la conclusion du philosophe Yves Michaud dans le dernier numéro de Beaux-Arts Magazine, qui portait sur la beauté dans le monde d’aujourd’hui.

Après avoir appris que la beauté est relative au temps, au lieu et à la culture, nous pouvons maintenant l’apprécier davantage. Nous comprenons également qu’elle a été diversifiée en raison du plaisir esthétique qu’elle génère, y compris là où elle est inattendue. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

ou est passé la beauté ?

Paradoxalement, alors que le discours sur la beauté prenait de l’ampleur, la recherche de la beauté dans l’art semblait reculer. L’art n’est pas beau, et selon un récent sondage publié dans cette même édition de Beaux-Arts Magazine, il est incorporé. À la question « pensez-vous qu’une œuvre d’art doit nécessairement être belle ? », 18 % des personnes interrogées en France ont répondu par l’affirmative Seuls 18% des répondants en France ont répondu « oui »

Mais il existe aussi une dissidence académique consciente, que l’on peut observer dans les œuvres de Jeff Koons, où l’on peut se sentir obligé de rechercher de nouvelles formes qui renouvellent et redéfinissent le travail tout en nous mettant face à une « inquiétante étrangeté » Prenons par exemple Louise Bourgeois ou Anish Kapoor.

« Le beau est toujours étrange, note-t-il, une bizarrerie naïve, non désirée et inconsciente. »

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En plus de cette bizarrerie, l’expérience suscitée par une œuvre d’art pourrait être plus facilement appréhendée que ce beau qui nous échappe toujours.

Le neurobiologiste contemporain et collectionneur Jean-Pierre Changeux s’y intéresse. Ses recherches documentent la réponse du cerveau à l’observation consciente d’une œuvre. L’imagerie cérébrale à ce moment-là peut capter une onde particulière appelée ignition, selon son étude.

Nous avons donc une idée de ce que c’est que d’être ému par une œuvre. Chacun perçoit les choses différemment, mais ce neurobiologiste étudie comment le cerveau fonctionne différemment lorsqu’il pense à une œuvre d’Otto Dix ou de Nicolas Poussin.

Il est également certain que lorsqu’une tâche nous engage, quelque chose se passe entre l’émotion et la raison, imprimant un « circuit de récompense » dont le neurone émetteur principal est la dopamine. C’est une émotion que nous rechercherons à nouveau, qu’elle soit touchée pour notre plaisir ou notre déplaisir.

La véritable expérience esthétique ne consiste pas à tout esthétiser, comme on pourrait le penser, mais plutôt à rechercher ce sentiment en voyant des œuvres d’art.

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